En nous lançant dans cet hommage à notre Coach (depuis 2015), nous nous attendions à quelques réticences de sa part à parler de lui… La discrétion et l’humilité qui le caractérisent ne l’empêchant pourtant pas de nous narrer ses années d’athlétisme de haut niveau. Alors gentiment il s’est prêté au jeu, qui plus est de sa belle plume.
Place à la nostalgie…
"Le début de « l’aventure » a commencé en cadet 1ère année ; le 1000 mètres en 2’53’’ sans entraînement, sans ambition non plus ! Juste pour éviter d’aller à l’école ce jour-là. Un peu plus « pro » en 2ème année, un 2’41’’ vient récompenser un peu de travail.
En junior 2ème année je décide de « courir » et me prends en main ; pas de coach mais des séances bien dosées dans la ferme familiale. En cross, champion du Finistère et de Bretagne ! Sur le 1500 mètres idem… Déjà donc une âme de coach.
Vint l’époque du service, « exilé » en Allemagne 16 mois, sous les couleurs de Colmar, je réussis à faire champion départemental et 2ème aux championnats d’Alsace avant mes 20 ans… En me classant 6ème au championnat de France militaire, je dois participer au Mondial en Irlande mais je suis libéré un mois avant…
De retour à la vie civile je rejoins le Stade Brestois où je trouve un « coach ». Débuts difficiles ! Changement d’habitudes et discipline.
Le travail porte vite ses fruits. Au championnat de Bretagne à Morlaix, le samedi soir je gagne le 3000 mètres steeple en 9’06’’ et bat le record de Bretagne qui va durer une dizaine d’années. Le lendemain, toujours à Morlaix, je gagne aussi le 5000 mètres… Que du bonheur et un souvenir inoubliable. Au championnat de France je termine 7ème. Cela me permet de participer à un stage de 15 jours dans les Landes avec le « gratin » des coureurs et des « coach ».
Au cours de ce stage je fais connaissance avec Gaston Pretot entraîneur du FC Sochaux Athlétisme, intéressé par mon aptitude au cross. L’affaire est faite… Je le rejoins dans l’Est… pour faire partie de son team d’une douzaine de coureurs de haut niveau (parmi eux Jacky Boxberger, Claude Nicolas, Antoine Borowski…). Séances musclées : par exemple 10 x 1000 mètres en 2’50’’, et surtout tous les grands cross de France. 2’31’’ au 1000 mètres, 8’19’’ sur 3000 mètres.
Après plusieurs années à ce rythme, retour en Bretagne et une belle coupure…
Bien vite on arrive à la catégorie vétéran ; la santé et la forme sont toujours là… L’expérience sert aussi bien sûr. Tout cela permet de gagner 5 départementaux de cross, 2 titres aux « Bretagne », 1 interrégional au Mans et surtout une 2èmeplace, puis une 3ème place aux Championnats de France.
Sur piste un titre au 3000 mètres steeple (record de France) et un titre au 10 000 mètres (30’30’’). Pour finir en beauté une victoire au 3000 mètres steeple en match international à Deauville « France – Allemagne – Angleterre ».
Sur route 1h19’ sur 25 kilomètres.
La boucle se termine au top niveau mais je continue pour le plaisir.
Habitant Châteaulin, sous la « pression » de Claude Berthou alors président du club, je deviens « coach » de Courir à Châteaulin tout juste affilié FFA.
Belle expérience de 14 ans soldée par 21 coureurs en moins de 3 heures au marathon, dont 2 filles… En cross 19 coureurs, dont 8 filles, en individuel ou par équipes, ont pu participer au National. De mon côté je cours le marathon en 2h42’ à… 55 ans.
Ensuite je m’exile à Lennon pour pouvoir garder Pauline et Ewen, mes petits-enfants, qui y habitent déjà… Ceci est un autre sport.
Durant ce temps je continue à entraîner Gwen Guillou sur 100 kilomètres ; une aventure qui la conduit à faire une fois championne de France à Amiens et aussi 3ème à Chavagne. Son niveau lui permet d’être qualifiée au Mondial et de porter le maillot de l’équipe de France à 5 reprises sur 10 ans (le Mondial se déroulant tous les 2 ans !). Je la remercie de tout cœur car, malgré son niveau, elle a toujours voulu s’entraîner avec moi.
J’ai plaisir à coacher Châteauneuf ; les séances se déroulent dans la bonne humeur et tout le monde y trouve son compte ; compétiteurs ou débutants. Chacun selon son envie et ses capacités.
Jo"
C’est ainsi que Joseph Kervennic (« Jo », « JoKer ») résume sa vie d’athlète.
Il se remémore avec plaisir, et un très beau style narratif, ses plus belles années de sportif de haut niveau.
Beaucoup d’entre nous apprécient l’entendre parler, ici ou là, de « Gaston » et des tentatives de Jo et ses comparses de resquiller un peu de répit lors des entraînements poussés du coach.
Il omet de mentionner qu’il a aussi été le chef d’orchestre de l’organisation des Courses de Lennon et a assuré l’entretien des chemins empruntés lors de cette épreuve.
De même, nous le découvrons précurseur du style "claquettes-chaussettes" lorsqu'il monte sur le podium d'un "semi" en... charentaises!
Hormis son implication dans la vie locale de sa commune, Jo assure donc l’entraînement de l’athlète internationale Gwen Guillou et des modestes Mil’Pats de Chateauneuf-du-Faou avec le même enthousiasme et surtout la bonne humeur qui le caractérisent. Nous en voulons pour preuve ses messages pondérés et remplis d'attention :
"Ici Joker, comme un père parle à ses enfants, un petit coach écrit à ses champions.
La situation actuelle propose une séance (de fractionné) à 19h ; cet horaire peut paraître tardif pour certains, surtout pour mes « confrères retraités » ! Levés tôt, « occupés » toute la journée, le soir arrivé, harassés ils sont… (...)
Des vrais travailleurs finissent plus tôt, de ce fait la séance pourrait démarrer avant.
Je propose donc « d’accueillir » ces athlètes à 18h, et conserver bien sûr la séance de 19h. J’invite aussi les marcheurs, une séance de même style que les coureurs peut leur être proposée.
Faites-moi part de vos suggestions, ceci n’est pas un référendum « macronien »… Le nôtre servira !
Tout doit être fait pour améliorer la condition du coureur, c’est l’apanage des grands clubs ! Ne pas avoir de prétention n’empêche pas l’ambition…"
Toujours prêt aussi à improviser une séance de fractionné supplémentaire sur le Canal ou ailleurs, imprimant le tempo sur son vélo de course.
Nous nous souvenons avec tendresse de son chien Klébar, à qui a succédé Attila qui ne ferait qu’une bouchée des mollets des coureurs si Jo lui donnait la possibilité d’accéder à la piste !
Il ne faut pas non plus oublier son épouse, discrète et certainement très compréhensive.
Sa maman, de l'aveu de Jo, était une "dure" mais c'est bien elle qui a compilé ses performances dans un dossier de presse qui témoigne des prouesses de son fils.
Fiers et reconnaissants donc de pouvoir bénéficier de ses précieux conseils, qu’il vente, qu’il pleuve ou que la canicule s’abatte sur la Bretagne !
Son record de Bretagne master tient toujours !
Merci de nous accompagner Jo !